Comment les civic tech favorisent-elles la représentativité ?
jeudi 2 juillet 2020
À travers deux dossiers passionnants et exhaustifs, la Commission Nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) explore les usages et les points de tension que soulève l’avènement d’une démocratie numérique. Transparence, inclusion, égalité, protection des données… “Quels défis les futurs artisans des civic tech devront-ils affronter pour construire des solutions qui garantissent la promesse démocratique ?”. A quoi pourraient ressembler les outils de participation citoyenne de demain ?
C’est l'occasion de vous expliquer les choix et la vision de Fluicity sur certains points clés. Le premier est au cœur de nombreuses inquiétudes et interrogations : la représentativité.
Quantité vs qualité : comment aborder la représentativité ?
Pouvoir se connecter partout, tout le temps. L’argument est fort auprès des élus, qui comptent sur les outils de participation en ligne pour atteindre et sensibiliser un maximum de citoyens (jeunes, actifs, personnes travaillant dans la ville…).
Grâce aux technologies numériques, les acteurs de la civic tech peuvent se prévaloir d'une capacité à mobiliser une population plus large autour de projets, de débats ou de consultations. Une population a priori plus représentative de la société.
Mais qu'entendons-nous exactement par “représentativité” ? Obtenir un maximum de participations ? Ou pouvoir en garantir la diversité ?
Les civic tech n’ont pas toutes la même approche de la représentativité. Notre positionnement chez Fluicity n’est pas de faire de la masse, mais de garantir la qualité de la participation.
Pour Julie de Pimodan, CEO de Fluicity, le choix est clair.
“Chez Fluicity, nous voulons surtout offrir les conditions nécessaires pour rétablir la balance de la représentation et favoriser la diversité d’opinion.
Effectivement, le but légitime recherché par les politiques est de pouvoir ajuster leurs actions selon le plus grand nombre. Mais il ne faut pas confondre la masse et la représentativité. Certaines civic tech choisissent de simplifier l’accès aux consultation au maximum. Certes la participation sera plus grande, mais on n’aura aucune idée des personnes qui sont derrière. Chez Fluicity, nous cherchons à obtenir des informations sur les citoyens dès l'inscription.
Notre positionnement n'est pas de faire de la masse à tout prix mais de garantir une certaine qualité de la participation, notamment grâce à un parcours de création d’idée plus structuré**.**”
Simplicité d’accès et représentativité : une combinaison difficile ?
Mentionnée par Julie de Pimodan, l’inscription est effectivement un élément clé pour aborder la représentativité.
C’est d’ailleurs l’un des premiers sujets abordés par la CNIL dans son dossier. Faut-il supprimer ou simplifier au maximum le formulaire d’inscription à la plateforme de participation, pour faciliter l’accès de tous ? Ou au contraire demander plus de renseignements, pour pouvoir affiner ensuite l’analyse des profils et des contributions ? Le choix est complexe, car ces deux éléments influent directement sur la recherche de “diversité d’opinion”.
Dans le cas de la simplification de l’inscription, voire la suppression totale du formulaire, il y plus de chance que beaucoup de citoyens s'inscrivent. Bonne nouvelle a priori ! Sauf qu’il sera plus difficile de connaître leur profil et de garantir leur représentativité, comme le soulignait Julie de Pimodan. “Récolter trop peu de données, c’est risquer le noyautage” complète la CNIL, c’est-à-dire la mobilisation d’acteurs tous issus d’un même noyaux (social, idéologique, politique…). Ce que les décideurs redoutent.
Dans le cas inverse, demander plus d’informations complique le processus d'inscription et risque d’écarter ou décourager certaines populations. Surtout ceux qui ont le moins l'habitude de s’exprimer et que les acteurs de la participation cherchent justement à inclure dans le débat.
Comment trouver un juste milieu ?
La réponse de Nicolas de Briey, co-fondateur de Fluicity
“Est-ce que demander plus d’informations à l’inscription va baisser la participation ? Peut-être au début, mais nous travaillons tous les jours à mieux connaître nos utilisateurs et leurs habitudes (approche d’UX design) pour contrer cette barrière.”
Pour favoriser l'accessibilité, Fluicity offre d’ailleurs la possibilité en Belgique de s’identifier avec le service sécurisé Itsme ; une carte d’identité numérique disponible sur application mobile, utilisée par 1 million de belges.
“Pour l’heure, seuls les noms, prénoms et emails des participants sont requis pour s’inscrire sur Fluicity, complète Nicolas de Briey. Notre approche est celle de la pédagogie. Nous voulons faire sentir aux citoyens que plus ils complèteront leur profil plus leur avis va compter, puisqu’il y aura une plus grande représentativité des résultats."
“Notre approche est pédagogique. Nous voulons faire sentir aux citoyens que plus ils complèteront leur profil plus leur avis va compter, puisqu’il y aura une plus grande représentativité des résultats." Nicolas de Briey, co-fondateur de Fluicity
Quels sont les freins à la représentativité ?
Pour autant, attendre une représentativité complète à chaque consultation s’avère pour l'heure irréaliste. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la fracture numérique et l’illectronisme (qui touche 17 % de la population française et 20 % de la population belge), les problématiques de communication pour faire connaître les initiatives et leur périmètre, la culture encore hésitante de la participation pour les habitants et les institutions.... Des points sur lesquelles les civic tech ne peuvent évidemment pas se porter garantes, mais qu’elles peuvent compenser ou contribuer à améliorer.
“Plus les citoyens comprendront pourquoi ils participent et auront la certitude d’être écoutés, plus ils participeront. C’est un cercle vertueux, fondé sur la confiance mutuelle.” affirme Julie de Pimodan.
C’est pourquoi Fluicity est particulièrement attentive à l'accompagnement des acteurs publics dans le cadrage de leurs consultations, leur analyse, et la communication avec les citoyens. Quitte à s’adapter !
“Nous travaillons encore la complémentarité entre la participation physique et en ligne en permettant la réconciliation des résultats pour produire des analyses fiables et complètes. Il faut avancer avec son temps, et avec la maturité des usages face à la technologie.” conclut Nicolas de Briey avec sagesse.
Comme d'autres sujets clés de la participation citoyenne, la représentativité souffre sans doute encore d’une logique inversée. Certains élus attendent d’avoir une participation accrue pour prendre les résultats en considération, les jugeant ainsi plus significatifs. En réalité, c’est en prenant ces résultats en considération au plus tôt qu’ils gagneront en crédibilité face aux citoyens… et multiplieront leur chance d'embarquer tout le monde !
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