Les Civic Tech, légitimes pour révolutionner la citoyenneté ?
samedi 10 décembre 2016
Notre tribune publiée dans le journal Le Drenche à l’occasion du Sommet du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert
Tribune publiée dans le journal Le Drenche
Les Civic Tech sont plus que légitimes. Elles répondent à un besoin urgent. 88% des Français pensent que nos responsables politiques ne se préoccupent pas de notre opinion et 67% estiment que la démocratie ne fonctionne plus (CEVIPOV).
Partout dans la sphère privée, l’opinion des consommateurs est prise en compte en temps réel par des organisations modernes, soucieuses de la qualité de leurs services. Rendre des comptes sur des budgets et prendre des décisions basées sur des données tangibles sont devenus la norme. La sphère publique est à la traine. Et c’est regrettable parce que si le vote est central pour nos démocraties, est ce qu’on doit vraiment attendre chaque élection pour donner son avis ?
La Civic Tech est bien plus qu’un outil, c’est un mouvement, englobant toutes les initiatives associatives, publiques ou privées qui concourent à renforcer l’engagement citoyen, la participation démocratique et la transparence des gouvernements. Ce mouvement a déjà prouvé son impact dans le monde entier.
En 2008, Liu Xiaobo publiait avec plus de 300 intellectuels le manifeste 08, pour pousser le gouvernement chinois à intégrer les valeurs universelles des droits de l’homme, gagnant le Prix Nobel de la paix la même année. En 2011, l’employé Google Wael Ghonim utilisait une page Facebook pour demander la responsabilité du gouvernement, devenant l’un des symboles du printemps égyptien.
Aujourd’hui la Civic Tech a pris une nouvelle ampleur et va même jusqu’a se concrétiser grâce à l’initiative de certains élus. Leur légitimité ne se fonde plus sur des mandats, mais sur des valeurs d’ouverture et de transparence dans un rapport continu au peuple.
C’est bien souvent à l’échelle locale, hors des considérations idéologiques, que les élus se montrent les plus innovants. La ville de Mexico a récemment demandé à ses 9 millions de résidents de co-construire la nouvelle constitution au travers de la plateforme Change.org. En Europe, certaines capitales comme Reykjavik ou Paris expérimentent des dynamiques participatives au travers de plateformes numériques plus ou moins transparentes. En France, des collectivités de taille moyenne comme Vernon, Limay ou Juvisy font le pari du dialogue ouvert et de la concertation en continu pour co-construire leurs politiques publiques.
La démocratie doit s’expérimenter en permanence pour être vivante et présente des enjeux trop importants pour être réduite au moment des élections. La technologie n’est qu’un outil, et la Civic Tech n’en est qu’a ses débuts, mais elle offre déjà aux individus la possibilité d’influencer, de persuader ou de contraindre la classe politique, de manière si directe et efficace, qu’elle est en bonne voie pour révolutionner la citoyenneté.