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Fluicity à Saran : l'interview de Sébastien Prévot, chef de projet numérique

  • Monday, July 1, 2019

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    **Lancé en mars à Saran, Fluicity bénéficie de débuts prometteurs dans cette commune du Loiret. Nous en avons profité pour interroger Sébastien Prévot, le chef de projet numérique local, afin qu'il nous raconte le cheminement de la participation citoyenne à Saran, du projet "Saran 2000" à l'intégration de Fluicity :
    **

    Quelles évolutions a récemment connues l’organisation d’une ville comme Saran ?

    [caption id="attachment_4370" align="alignright" width="200"] Sébastien Prévot[/caption]

    À partir des années 1990, la coopération intercommunale a pris de plus en plus d’importance dans la vie des habitants de Saran, ville de 16 000 habitants dans la première couronne d’Orléans. La Communauté de Communes est d’abord devenue une Communauté d’Agglomération avant qu’en 2017 l’intercommunalité ne se transforme en Communauté Urbaine puis quelques mois après en Métropole. Ces modifications administratives ont eu un impact réel sur les communes, car certaines compétences exercées directement par les mairies le sont désormais par la Métropole (déchets, voirie, eau potable, urbanisme…).

    Pourtant les habitants continuent de ne s’adresser qu’à leur mairie et leurs élus locaux. C’est pour ces raisons que la municipalité de Saran estime que l’échelon municipal a toute son importance, et que les élus saranais souhaitent absolument maintenir un contact direct entre les élus et la population.

    Quels sont les principaux enjeux auxquels est confrontée la ville aujourd’hui et ceux qui se profilent à l’horizon ?

    Pour les années à venir, un des principaux enjeux de la commune concerne son urbanisme afin de répondre au mieux à de nombreuses attentes :
    • des entreprises qui souhaitent s’implanter,
    • des futurs habitants qui souhaitent s’installer,
    • et d’habitants actuels qui veulent préserver leur cadre de vie.
    Pour cela, la ville cherche à reconquérir d’anciennes friches : un ancien aérodrome militaire abandonné dans les années 70 en plein cœur de ville, une grande entreprise de VPC fermée et des entrepôts logistiques désaffectés le long de l’ancienne route nationale 20. La ville doit également améliorer des espaces de vie importants à l’instar du centre-ville, tout en préservant le cadre naturel de la commune.

    Depuis quand expérimentez-vous la participation citoyenne à Saran ?

    Dès les années 2000, la municipalité a souhaité impliquer les habitants dans les décisions locales. Dans le cadre du projet « Saran 2000 », les élus de l’époque avaient arpenté les rues pour rencontrer les habitants au plus près, organisé des réunions thématiques, des réunions de quartier… C’était une vraie première démarche participative qui visait à associer les habitants dans la vie de leur commune et depuis plus de 20 ans, les élus continuent d’associer les habitants dans les décisions locales. En plus de consultations régulières et très localisées, la municipalité a organisé plusieurs fois des consultations locales sur des sujets d’importance pour la vie des habitants (création du tramway orléanais, passage en communauté urbaine, implantation du centre pénitentiaire à Saran…)

    À quelles attentes répondent ces démarches ? Aviez-vous des difficultés pour mobiliser vos citoyens ou connaître leur avis ?

    L’avantage de ces réunions est qu’elles permettent aux habitants qui sont les premiers à savoir ce qui est bien pour leur quartier de s’exprimer, de discuter et d’échanger entre eux et avec leurs élus. La principale difficulté à impliquer les citoyens vient de leur disponibilité surtout. Même en organisant des réunions le samedi matin ou entre 18 h et 20 h, même en se déplaçant dans leur rue, les impératifs familiaux par exemple empêchent certains habitants de pouvoir participer autant qu’ils le souhaiteraient et ces réunions attirent essentiellement un public d’habitués et/ou de retraités plutôt disponibles. Notre crainte également est de n’avoir qu’un seul avis. Les habitants qui se sont déplacés ont leur idée, mais leurs voisins qui sont restés chez eux sont-ils d’accord avec eux ?

    Avez-vous essayé de résoudre ces biais en incorporant le numérique dans vos dispositifs ?

    Lorsque nous avons créé notre page Facebook en 2012, nous étions loin d’imaginer qu’elle aurait un tel impact dans notre communication. Les habitants ont pris l’habitude de contacter la mairie par ce biais et le travail du service communication s’est transformé. Nous avons dû adapter notre travail de communicant du haut vers le bas en une communication basée sur l’échange et en lien direct avec le public. Pour autant, ces outils sont très adaptés pour l’instantanéité, pour la réponse immédiate mais les messages peuvent également rapidement tomber dans l’oubli. Utiliser les réseaux sociaux pour du travail participatif plus long qui demande différentes étapes de consultation est compliqué.

    Le numérique vous semble-t-il un bon outil pour accroître cette participation citoyenne ?

    Accroître la participation est justement le bon mot. Nous pensons que le numérique permet de toucher un public différent. Il n’est pas question pour nous de réduire le nombre de rendez-vous directs entre élus et administrés. En revanche, le numérique, lui, est disponible 7 j/7 et 24 h/24. Il tient dans notre poche et la 4G est partout sur notre commune. Cette ultra-connexion des habitants ouvre de nouvelles façons de communiquer et d’échanger avec eux et permet de toucher les habitants qui ne se déplacent pas aux réunions et qui pourtant ont des idées. Ainsi ceux-là soumettent généralement des idées le week-end ou tard le soir.

    Qu’est-ce qui vous a poussé à investir plus spécifiquement dans un espace numérique dédié à la participation citoyenne ?

    Nous souhaitions depuis longtemps utiliser les avantages qu’offre le mobile. Au début la participation qu’on imaginait portait avant tout sur le signalement des petits tracas du quotidien des habitants. Avec un smartphone dans la poche, on voit un problème, on le prend en photo, on explique ce dont il s’agit, on le géolocalise, et on l’envoie. La mairie dispose ainsi de toutes les informations assez rapidement.

    Comment avez-vous découvert Fluicity ?

    Nous avons découvert Fluicity en comparant cette application mobile et celles que proposent de nombreuses sociétés sur le marché. Nous ne souhaitions pas un copier/coller de notre site web. Nous avions déjà adapté notre site avec du responsive design en 2015. Faire une application mobile uniquement pour cela n’aurait eu aucun sens.

    Pourquoi avoir choisi Fluicity ? Quelles sont les fonctionnalités qui vous ont séduit ?

    Fluicity répondait à un besoin plus large : une possibilité d’agenda, des notifications, des articles. Mais la partie qui nous a convaincus était la démarche participative. Les habitants pouvaient utiliser l’application comme on l’avait imaginée, pour signaler des problèmes tout en ayant aussi et surtout la possibilité de voir plus loin que leur trottoir.

    Comment avez-vous déployé Fluicity sur votre territoire ?

    Nous avons d’abord voulu attirer la population vers cet outil, tout d’abord en publiant des enquêtes et petits sondages et Fluicity a été présenté dans le magazine municipal mensuel, des affiches ont été installées dans la commune, et nous avons incité les habitants à l’utiliser sur les réseaux sociaux. Il a été présenté à des associations locales et aux habitants lors de réunions de quartier.

    Pour que cet outil soit connu des agents municipaux, nous avons organisé plusieurs séances d’information en interne afin de le présenter et d’expliquer son fonctionnement. Les services et élus qui souhaitent sonder des habitants sur les sujets qui les concernent peuvent se rapprocher de nous. Un groupe de travail, qui se réunit mensuellement, permet désormais de faire le point sur les demandes des habitants qui ont pu être réglées immédiatement et celles qui nécessitent un renvoi vers une commission ou une étude plus détaillée.

    Pour quelles applications concrètes ?

    Par exemple, nous leur avons demandé de voter pour les meilleurs emplacements pour installer une boîte à livre dans le centre-ville ou une aire de jeux d’enfants qu’on leur proposait dans un autre quartier. Afin de faire venir un commerçant utile pour le quartier Est, nous avons interrogé les habitants sur le type de commerce le plus à même de les satisfaire. Pour cela, nous avons utilisé la fonctionnalité « Appel à Idées » qui permettait aux habitants du quartier de proposer, commenter et voter pour ou contre les propositions des autres habitants. C’est un tabac-presse, relais poste, loto qui ressortait le plus de leurs attentes. Depuis, nous tentons de faire venir un commerçant de ce type dans le quartier. Tous ces échanges permettent de conforter ou de réorienter l’action municipale vers les besoins réels des habitants.

    Quels sont vos premiers retours de la part des Saranais ? Pensez-vous parvenir à toucher des citoyens qui ne s’exprimaient pas d’habitude ?

    De nombreux habitants ont téléchargé l’application et s’y sont impliqués. En moins de 3 mois, nous avons eu 260 inscrits. C’est bien et il faut continuer dans ce sens. Nous avons constaté que des habitants ont utilisé l’application alors qu’ils ne s’étaient jamais impliqués dans une réunion de quartier, ni sur les réseaux sociaux. C’est un bon signe pour la participation citoyenne. Mais nous avons également remarqué que des habitués des réunions de quartier, des personnes impliquées dans la vie locale participaient activement sur la plate-forme. Ils donnent leurs avis « d’experts » sur la chose publique en allant dans le sens des habitants, en tentant de trouver des compromis, voire en expliquant eux-mêmes que certains sujets sont délicats à régler. Bref, ils font vivre la participation, ils y sont habitués et c’est bénéfique pour l’avenir de cet outil.

    Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

    Nous avons besoin d’informer les habitants sur le traitement de leur idée ; les laisser sans réponse donne l’impression qu’on ne les écoute pas. Pourtant parfois, nous n’avons pas la possibilité de leur répondre rapidement car nous n’avons pas tous les éléments. Un simple message de prise en charge suffit à les rassurer de la prise en compte de leur demande. Sur d’autres sujets, nous pouvons valider certaines idées. Mais entre le moment où nous agissons, et le moment réel où l’idée sera concrétisée, il peut y avoir plusieurs mois. Il faut savoir l’expliquer.


    Fluicity est une solution d’engagement citoyen qui a pour mission de recréer un lien de confiance entre citoyens et décideurs publics. Via une plateforme digitale et des services associés, nous accompagnons plus de 50 collectivités locales dans la récolte de contributions citoyennes, leur analyse ainsi que dans la création, la rétention et l’animation de larges communautés.

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